EXPERTS ET DÉCIDEURS
Le numérique représente aujourd’hui environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et cette part est en augmentation. À l’heure où presque toutes les entreprises sont dotées d’un site internet et où elles sont de plus en plus nombreuses à intégrer des préoccupations écologiques à leur fonctionnement, elles ont tout intérêt à s’intéresser à l’impact carbone de ce dernier.
« Derrière chaque site, chaque serveur, chaque terminal, il y a des minerais prélevés, de l’électricité utilisée », rappelle Youen Chéné, fondateur de Webvert, spécialiste de la réparation et la décarbonation des sites web. En étudiant environ 600 sites français, l’entreprise a découvert que 39 % de leur bande passante en moyenne est inutile, c’est-à-dire qu’il est possible de la supprimer pour alléger l’empreinte carbone du site sans que ce dernier ne perde de l’intérêt pour son utilisateur.
Au contraire, l’intérêt de l’opération n’est pas seulement écologique. « Pour les entreprises, le site est souvent un apporteur d’affaires. Pour certaines, il est le moteur du business, souligne Youen Chéré. Or, en général, un site polluant est un site dont le chargement est long, où le visiteur doit patienter et ne reste pas, et un site qui sera mal référencé. Il n’est donc pas performant économiquement ».
Alléger son site web pour diminuer son impact carbone, c’est le rendre plus rapide et plus efficace. Le gain peut être considérable. À l’automne 2021, l’Ademe avait ainsi financé la décarbonation de dix sites web d’entreprises et collectivités normandes. L’intervention, réalisée par les équipes de Webvert, a permis d’économiser 54 % de bande passante en moyenne et de faire passer la performance énergétique moyenne de 0,54 kWh à 0,04 kWh par page pour 10 000 visites.
S’il est pertinent de penser à l’éco-conception de son site au moment de sa création, améliorer ses performances écologiques et de fonctionnement ne passe pas forcément par une refonte intégrale. La décarbonation est possible sans le modifier complètement. Une opération plus rapide et moins coûteuse. « Pour un site de moins de mille pages, cela se fait en quelques jours. Le panier moyen est autour de 1000 à 1200 euros », explique le fondateur de Webvert, qui propose des prestations en direct aux entreprises ou en sous-traitance auprès d’agences web et de communication.
Pour opérer, les experts mesurent d’abord la performance du site. Ils interviennent ensuite sur différents aspects : changement de format et redimensionnement des images, compression des fichiers, réglage des caches.
En revanche, ses équipes procèdent systématiquement à un travail de sensibilisation pour conseiller les personnes chargées d’alimenter le site sur les bons réflexes à adopter. In fine, l’opération décarbonation permet en un temps limité de réduire l’impact carbone du site et est imperceptible pour les utilisateurs, si ce n’est dans l’amélioration de la vitesse de son chargement.
