DIRECTRICE GENERALE DU FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI)
L'actuariel 01
Directrice générale du Fonds monétaire international
Juin 2011 : Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Juin 2007 – 2011 : Prend la tête du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Emploi du gouvernement Fillon.
Mai 2007 : Devient ministre de l’Agriculture et de la Pêche du gouvernement Fillon.
2005 : Nommée ministre déléguée au Commerce extérieur du gouvernement Villepin.
1995 : Devient membre du comité exécutif mondial de Backer & McKenzie, puis présidente.
1981: Avocate au barreau de Paris, elle intègre le bureau parisien du cabinet américain Backer & McKenzie.
La situation de la Grèce, du Portugal et encore plus récemment l’alerte envoyée par Standard & Poor’s sur les États-Unis relancent les inquiétudes sur la dette souveraine. Ces craintes vous paraissent-elles justifiées ?
Christine Lagarde : Les tensions sur les marchés sont souvent la conséquence de rumeurs infondées. Une restructuration n’est pas à l’ordre du jour. La Grèce doit procéder aux ajustements nécessaires comme c’est le cas pour les autres pays périphériques qui ont fourni des efforts considérables en matière budgétaire.
Des craintes pèsent également sur la France. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement français qui vous semblent le plus à même aujourd’hui de rassurer les marchés ?
Christine Lagarde : La France est solide et jugée comme telle. Nous sommes notés AAA, stable, par les trois agences de notation. Nous sommes également considérés, au côté de l’Allemagne, parmi les AAA les plus solides devant le Royaume-Uni et les États-Unis. La France est entrée dans la crise avec un niveau de dette élevé. Mais la progression de ce ratio pour la France a été moindre par rapport aux autres pays AAA comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui affichent un ratio dette/PIB supérieur au nôtre. Entre la solidité de son système bancaire et de son modèle économique et l’action du gouvernement au coeur de la crise, la France a mieux résisté que ses partenaires. Nous ne sommes pas sous la pression des marchés financiers, et, au sein du club des grands pays émetteurs, nous affichons avec l’Allemagne l’un des taux de financement les plus bas en Europe. Pour l’avenir, le gouvernement est déterminé à résorber les déficits actuels en réduisant la dynamique des dépenses de l’État, en maîtrisant progressivement le rythme de croissance des dépenses de santé, en réduisant le coût des niches fiscales et sociales, et en menant des réformes structurelles importantes – notamment la réforme du système des retraites – qui permettent de renforcer la solvabilité à long terme. La mise en oeuvre de la réforme des retraites, du fait de son impact substantiel et durable sur la réduction du déficit public, est d’ailleurs jugée par les marchés comme un facteur déterminant pour préserver notre notation actuelle.
Estimez-vous que la réglementation Solvabilité II était nécessaire ? Que va mettre en place l’État français pour s’y conformer ?
Christine Lagarde : À l’origine, le projet Solvabilité II était une demande des professionnels de l’assurance au niveau européen. La directive vise à accroître la protection des assurés au travers d’une modernisation des exigences prudentielles, qui prendront dorénavant en compte de manière très fine l’ensemble des risques supportés par les assureurs. Même si ces derniers ont dans l’ensemble bien traversé la crise financière, celle-ci a démontré toute l’importance de disposer d’outils adéquats de gestion des risques, et, pour le financement de l’économie, d’un secteur financier sain. Je souhaite, par ailleurs, donner de la visibilité au secteur, en commençant dès à présent la transposition dans le droit national de ce dispositif. Mes services vont travailler à cette fin en liaison étroite avec l’ensemble des familles de l’assurance.
Comment les nouvelles normes prudentielles vont-elles obliger les compagnies d’assurances et de réassurance à se réorganiser ?
Christine Lagarde : Un des objectifs de Solvabilité II est d’améliorer la gestion des risques effectuée par ces compagnies. Le système de gestion des risques mis en oeuvre devra être efficace et parfaitement intégré à la structure organisationnelle. Les compagnies devront mettre en place plusieurs fonctions clés, dont bien sûr la fonction actuarielle. La directive laisse toutefois une latitude sur l’organisation interne nécessaire pour contrôler ces fonctions. Dans le cadre de la transposition de Solvabilité II, il convient donc de réfléchir aux orientations à retenir, compte tenu de la multiplicité des acteurs du marché français, du partage des pouvoirs entre les différents organes, qui n’est pas toujours identique, et de la nécessité d’appliquer le principe de proportionnalité.
Il y a un an, vous avez soutenu la position des acteurs français de l’assurance face au commissaire européen et appelé à un « assouplissement » des critères de la directive. Estimez-vous avoir eu gain de cause ?
Christine Lagarde : La forte mobilisation de la France a permis de mieux prendre en compte les spécificités de notre industrie, notamment en matière de traitement des risques longs. Nous avons introduit plusieurs dispositifs pour limiter la volatilité du nouveau régime prudentiel. La France a également fait de nombreuses propositions pour simplifier les règles de calcul de l’exigence en capital, qui ont dans une large mesure été reprises par la Commission.
Comment entrevoyez-vous l’impact de Solvabilité II sur les fonds propres des assureurs ?
Christine Lagarde : Je remercie les acteurs français qui ont largement participé à l’exercice d’impact quantitatif « QIS 5 ». C’était important. Je sais que c’était également un immense travail. L’étude d’impact a montré que, de manière générale, le marché français respecte très largement les exigences Solvabilité II. Certains éléments de paramétrage restent toutefois à améliorer. Il convient de s’assurer que le dispositif ne conduira pas à une volatilité excessive de fonds propres, qui ne correspondrait pas à la réalité du modèle économique des assureurs, qui sont par nature des investisseurs de long terme. La France a d’ores et déjà obtenu qu’un dampener soit mis en place, afin d’atténuer la volatilité liée à la détention d’actions. D’autres éléments permettant d’atténuer la volatilité sont, par ailleurs, en cours de discussion.
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