DIRECTEUR GROUPE DE LA MAIF
L'actuariel 12
Et concernant la loi Hamon à laquelle vous vous êtes opposée ?
Pascal Demurger : Pour le moment, elle a un impact difficile à connaître. En effet, nous nous sommes battus contre cette loi car elle va à l’encontre de notre philosophie qui est d’avoir une relation à long terme avec les actionnaires. Cette loi va accélérer un phénomène de commoditisation du marché. Elle va tirer les prix vers le bas et va détruire de la valeur. Nous estimons que cette mesure sera contreproductive pour les assurés qui ne peuvent se permettre d’assurer un sinistre avec un certain niveau de couverture. Car si les prix sont plus bas, les couvertures seront moindres. Quoiqu’il en soit, nous sommes prêts et comme nous avons un niveau de fidélité très élevé, nous restons confiant sur les conséquences que pourrait entrainée cette loi sur notre activité.
Le marché des mutuelles se consolide. Quelle est votre position ? La Maif va-t-elle être un acteur de la consolidation ?
Pascal Demurger : La consolidation peut être intéressante mais il faut s’interroger sur sa pertinence. En fait, nous pouvons distinguer trois types de stratégie : la massification ou si l’on préfère la consolidation ; la diversification qui est un moyen de trouver des relais de croissance. Et enfin la différenciation qui va permettre de se distinguer des autres compétiteurs. Ce qui caractérise, la marque Maif est de savoir se distinguer des autres. Notre stratégie va donc plutôt dans ce sens là. Mais ce n’est pas incompatible avec la massification. A condition que la recherche de synergies ne porte pas atteinte à la marque.
Comment voyez vous évoluer le travail des actuaires au sein de la Maif ?
Pascal Demurger : La gestion technique d’une mutuelle comme la MaIf est soumise à une problématique actuarielle similaire à celle d’une compagnie d’assurance. Pour la gestion actif/passif, nous sommes d’ailleurs assez à la pointe. Sur le cœur de métier, il n’y a pas une vision mutualiste du risque. C’est une politique de souscription classique. En revanche, nous avons un niveau de mutualisation plus important et une segmentation tarifaire un peu moindre que les compagnies d’assurance. Mais globalement, il y a peu de différences sur la surveillance du portefeuille. Les écarts se sont amenuisés. Et Solvabilité II qui oblige à s’interroger sur la politique du risque va contribuer à rapprocher les grandes mutuelles comme la Maif et les compagnies d’assurance.
Comment envisagez vous les relations entre la FFSA et le GEMA ?
Pascal Demurger : Il est nécessaire que les mutuelles d’assurance soient représentées. Elles ont une vision du marché qu’elles doivent défendre et parallèlement la profession doit s’unir pour défendre des intérêts communs auprès des pouvoirs publics. C’est ce que nous avons fait pour les dossiers concernant l’assurance vie, les droits de clients, les obligations émises par la CNIL. Pour autant, nous devons être unis pour mieux défendre les positions de place face aux pouvoirs publics. La coopération avec la FFSA existe. Elle est salutaire. Nous pouvons encore aller plus loin. Sur les dossiers qui le méritent, nous pouvons nous rapprocher sans que cela ne remette en cause l’existence des mutuelles et chacun peut affirmer ses spécificités et sa différence.