EXPERTS ET DÉCIDEURS
Le management de transition, qui implique de recourir à un profil expérimenté extérieur, peut aider l’entreprise à faire face à de multiples situations.
Dans bien des situations, une aide extérieure peut s’avérer utile. Le management de transition en est une illustration. Il consiste pour l’entreprise à faire appel à une personne extérieure, dotée de compétences managériales et opérationnelles, pour l’aider à faire face à une situation spécifique. Ce manageur de transition va diriger l’entreprise ou une unité pour une période donnée. « Il s’agit généralement de profils expérimentés, souvent ingénieurs ou gestionnaires de projet, avec une appétence forte pour la gestion et une importante capacité à décider », explique Hervé Granet, expert-comptable chez Axens, membre du groupement France Défi.
[citation auteur= »Hervé Granet, expert-comptable chez Axens »]En un minimum de temps, le manageur de transition doit comprendre un système, une organisation et une culture d’entreprise, définir un objectif et se donner tous les moyens pour l’atteindre.[/citation]
Management de transition : différents types de missions
De multiples cas de figure peuvent conduire une entreprise à y avoir recours. Il peut s’agir de mener à bien un projet de transformation comme de se sortir d’une passe difficile. Ce peut être un choix volontaire ou contraint. « On peut avoir le cas du chef d’entreprise victime d’un AVC, qui du jour au lendemain ne peut plus gérer l’entreprise. Pour la sauver, on peut mettre en place une procédure de sauvegarde mais aussi faire appel à un manager de transition qui pourra prendre la main le temps de la transition », illustre Hervé Granet qui a déjà rencontré cette situation.
Ce peut être aussi une solution pour gérer le burn out du dirigeant. « Le jour où il craque et ne peut plus revenir sur son lieu de travail, on peut soit chercher à vendre très vite, mettre en place une procédure de sauvegarde ou un mandat ad hoc ou encore solliciter un manager de transition qui pourra assurer la continuité entre le départ abrupte du dirigeant et ce qui est souhaité par les actionnaires ou la famille, en fonction des possibilités de maintenir l’activité », détaille-t-il.
Lorsque l’entreprise rencontre de profondes difficultés économiques, le manageur de transition peut aussi prendre les rênes. « Il est alors là pour faire ce qu’on appelle du « retournement » et négocier, en off, le passif ou avec les fournisseurs en changeant la prise de décision », explique Hervé Granet. Le spécialiste a aussi rencontré le cas où le dirigeant lui-même demande de l’aide. « Le chef d’entreprise sait qu’il a besoin de quelqu’un parce qu’il est par exemple lui-même dans une hyper-empathie sclérosante, qui fait qu’il n’ose pas dire à ses équipes qu’elles ne font pas bien », expose-t-il.
Passer le cap
Quel que soit le cas de figure, le manageur de transition est là pour « faire passer un cap à l’entreprise », précise l’expert-comptable. Le solliciter permet de bénéficier de son expertise et de son regard extérieur, qui permet souvent de débloquer la situation. « Il n’aura pas d’état d’âme dans la prise de décision, ce qui n’empêche pas de faire preuve de bienveillance », souligne Hervé Granet. Réactif et disponible, ce professionnel se consacre pleinement à atteindre l’objectif de sa mission, qui dure généralement entre trois mois et un an.
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Pour autant, solliciter un manageur de transition n’est pas chose facile, notamment parce que cela dépossède en partie le chef d’entreprise de son rôle, ce qui peut être psychologiquement dur. Un autre inconvénient de la démarche réside dans son coût. « Il est très élevé, de l’ordre de 1500 € à 3000 € la journée et on ne sait pas à l’avance si cela va permettre d’atteindre les résultats attendus ou pas », pointe Hervé Granet tout en notant que dans les quatre cas de recours à un manageur de transition qu’il a rencontrés, les entreprises existent toujours et vont plutôt bien, après avoir traversé des drames ou des situations difficiles.