Petit précis des migrations mondiales…
L'Actuariel 35
Ce terme générique désigne l’ensemble des personnes qui quittent leur lieu de résidence, de manière permanente ou non, et quelle qu’en soit la cause. Derrière cette définition se cachent néanmoins des réalités très différentes. Explications
Si les migrants internationaux ne représentent que 3,5 % de la population mondiale, leur nombre progresse néanmoins d’environ 2,4 % par an.
Migrants Internationaux
Personnes qui se rendent dans un pays autre que celui de leur nationalité ou de leur résidence habituelle, de sorte que le pays de destination devient leur nouveau pays de résidence.
En novembre 2019, l’OIM en recensait 272 000 00
Les raisons économiques demeurent les principales motivations de l’immigration.
L’immigration choisie, un principe à double tranchant. Encourager une politique d’« immigration choisie » en faveur de travailleurs qualifiés peut apparaître comme une opportunité économique pour les pays d’accueil. Une étude réalisée en France en 2012* estimait qu’une politique migratoire ambitieuse pourrait contribuer en 2050 à une réduction du fardeau fiscal lié au vieillissement démographique d’un peu plus de 20 % sans critère de sélection et d’environ 30 % avec une politique sélective en faveur de travailleurs qualifiés. Pour les pays d’origine, cela se traduirait par une perte et un risque de voir progressivement leurs forces vives ne plus contribuer à leur économie. En 2011, l’OCDE estimait que 30 % des immigrés étaient passés par l’enseignement supérieur avant leur migration.
Guerres, conflits et persécutions
Déplacés internes
Personnes contraintes de fuir à l’intérieur de leur territoire ou de leur région. Elles sont essentiellement concentrées : en Colombie (7 246 000), en Syrie (6 326 000), au Soudan (3 300 000), en Irak (3 035 000) et en RD Congo (2 230 000).
En novembre 2019, l’OIM en recensait 41 300 000
Demandeurs d’asile
Personnes sollicitant la protection internationale. Tout demandeur d’asile n’est pas nécessairement reconnu comme réfugié à l’issue du processus, mais tout réfugié a été demandeur d’asile.
En juin 2019, l’UNHCR en recensait 3 500 000
Réfugiés (Convention 1951)
Personnes qui, craignant avec raison d’être persécutées, se trouvent hors du pays dont elles ont la nationalité et qui ne peuvent ou ne veulent se réclamer de la protection de ce pays.
En novembre 2019, l’OIM en recensait 25 900 000
Le changement climatique et l’environnement s’invitent à la table
Migrants environnementaux
Personnes contraintes de quitter leur lieu de résidence habituelle, temporairement ou définitivement, pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif. Il n’existe pas de droit d’asile environnemental. À ce jour, le droit international ne prévoit aucune protection ni statut juridique spécifique pour les « réfugiés » écologiques.
Risques climatiques, une migration mal évaluée…
Les populations de la Chine, du Bangladesh, de l’Inde, du Vietnam, de l’Indonésie et de la Thaïlande représentent environ 75 % des 300 millions d’habitants de la planète qui seront confrontés à de fortes inondations et intempéries au milieu du siècle. Le danger d’inondation marine permanente ne se limite pas à l’Asie : 19 pays, dont le Nigeria, le Brésil, l’Égypte, le Royaume-Uni et la France, seront directement impactés par ces phénomènes.
Les dommages décennaux imputables aux phénomènes météorologiques extrêmes ont dépassé pour la première fois la barre des 1 000 milliards de dollars dans les années 2010, soit cinq fois plus que dans les années 1970. En moyenne, les pertes économiques inhérentes à ces phénomènes au cours de la dernière décennie sont équivalentes à 2 % du PIB des pays concernés. Pour les petits États insulaires, ce chiffre s’élève à 20 % du PIB.
… reposant sur des données sans doute biaisées
La plupart du temps, les chercheurs s’appuient sur les données satellitaires pour cartographier l’altitude des côtes. Or, selon le Climate Central, ces données surestiment généralement l’altitude d’environ deux mètres, une marge d’erreur qui change tout. Selon ce modèle rectificatif, jusqu’à 600 millions de personnes seraient directement impactées par l’élévation du niveau des océans.
Notes et éclairages
* On entend dire que l’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les économistes ?, Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, Paris, Eyrolles, 2012. « Les migrations internationales et leurs effets », Amal Miftah, Hommes et migrations, n°1320, revue d’information du musée de l’Histoire de l’immigration, 2018.
Sources : Oxfam – Global Trends, Forced Displacement, UNHCR, 2018 – World Migration report, IOM, UN, 2020 – Flux, World Atlas of Desertification, rapport de la Commission européenne, 2018 – Répartition, ONU, 2017 – The Global Migration Indicators 2018, IOM – Rapport mondial 2019 de l’IDMC (Observatoire des situations de déplacement interne) – INED (Institut national d’études démographiques) – La Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) – Cairn.info – Musée de l’Histoire de l’immigration – Climate Central – notre-planete.info