EXPERTS ET DÉCIDEURS
Mutualiser les achats avec d’autres PME peut permettre de réaliser des économies significatives mais n’empêche pas forcément les hausses de prix.
Intégrer une centrale d’achat ou un groupement d’achat peut être une solution intéressante pour les PME qui cherchent à lutter contre la hausse des prix. En s’associant pour acheter en grande quantité des produits (matières premières, matériel de chantier, produits informatiques, véhicules, fournitures de bureau, etc.) ou des prestations de services, les adhérents de la centrale ou les membres du groupement peuvent en effet bénéficier de prix plus avantageux que s’ils achetaient individuellement. « Il y a un effet volume qui fait mécaniquement baisser les prix », indique l’avocat Jean-Jacques François, président du réseau des professionnels du droit Juris Défi.
Si la structure juridique peut différer — une centrale d’achat est rattachée à ses membres par un contrat d’affiliation, le groupement d’achat insère ses membres comme sociétaires ou associés — l’objectif est toujours le même : l’obtention de meilleures conditions commerciales. Dans le cadre d’une centrale ou d’un groupement d’achat, les négociations tarifaires avec les fournisseurs portent notamment sur deux axes : le prix unitaire des produits et la remise de fin d’année. Une PME peut ainsi accéder à une meilleure visibilité sur les prix pratiqués sur les marchés concernés, obtenir des tarifs plus intéressants, bénéficier de meilleures conditions de paiement, voire avoir accès à des fournisseurs qu’elle n’aurait pas été en capacité de contacter seule.
[citation auteur= »Jean-Jacques François, président du réseau des professionnels du droit Juris Défi »]Pour faire baisser les prix, les fournisseurs veulent des engagements en termes de volumes. [/citation]
Cette mise en commun des achats tend à se développer à tous les secteurs, souligne Jean-Jacques François, précisant que même les avocats disposent d’une structure pour mutualiser certains achats. C’est d’autant plus le cas dans le contexte de la hausse des prix observée dans la foulée de la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Des acteurs comme Qantis et HA Plus PME font d’ailleurs état d’une hausse de leurs adhérents, les PME étant tout particulièrement intéressées par les produits courants. « Parfois, il ne s’agit pas d’une structure d’achat mais d’une structure de référencement, qui négocie pour ses membres mais ne passe pas commande pour eux. C’est toutefois moins efficace pour faire baisser les prix car les fournisseurs veulent des engagements en termes de volumes », détaille le président du réseau Juris Défi.
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Il reste que dans certains secteurs ou sur certains marchés où les fournisseurs sont en position de force, mutualiser les achats n’a pas empêché une forte hausse des prix ces derniers mois. « Dans le secteur des matériaux, les fournisseurs se sont affranchis des conditions tarifaires et on a pu observer une augmentation des prix de 20% à 25% », rapporte ainsi Jean-Jacques François. Le groupement des achats n’est donc pas une solution à toute épreuve, notamment dans des secteurs touchés par des pénuries ou des problèmes d’acheminement. Il faut également souligner que s’investir dans la création d’un groupement d’achat nécessite du temps et des ressources et implique donc de bien évaluer les avantages attendus avant de s’y engager.