EXPERTS ET DÉCIDEURS
Loin d’être réservée aux grands groupes, une opération de croissance externe peut servir de nombreux objectifs.
Plutôt que de bâtir de zéro, il est souvent bénéfique de s’appuyer sur des fondations existantes. C’est en quelque sorte la philosophie de la croissance externe qui désigne les différentes opérations par lesquelles une entreprise peut se rapprocher d’une autre, en fusionnant avec elle, en l’acquérant – elle ou une branche de ses activités – ou en prenant des parts dans son capital.
Si ce type de stratégie est plus facilement associé aux grands groupes, ils n’en ont pas l’apanage. Ainsi selon une étude Bpifrance Le Lab et France Invest publiée en septembre 2022, sur les cinq dernières années 81 % des dirigeants de PME ont envisagé de mener un rachat d’entreprise et 72 % d’entre eux ont l’intention de racheter une entreprise à moyen-terme.
Développement accéléré
La croissance externe présente en effet de nombreux intérêts. « Elle permet une accélération dans le développement de l’entreprise. On gagne du temps par rapport à ce que nécessite la croissance interne en acquérant une structure, un outil de production, un personnel, une clientèle qui sont déjà là », souligne Sophie Mayeux expert-comptable associée du groupe Laflute et Associés, membre de France Défi.
L’opération permet ainsi d’augmenter ses parts de marché en s’arrogeant la clientèle de la structure rachetée. « Même si une petite partie est souvent perdue parce que la stratégie ou les process sont un peu différents, l’idée est d’en conserver la majorité », pointe l’experte. En grossissant l’entreprise gagne en visibilité et peut grâce à cela espérer convaincre de nouveaux clients.
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La croissance externe est aussi un levier important pour se développer à l’international. « Cela permet de s’installer dans un autre pays en s’appuyant sur une structure déjà là, qui connaît son marché et la réglementation fiscale et légale », souligne Sophie Mayeux.
En dehors de la connaissance d’un marché, c’est parfois la maîtrise d’un savoir-faire spécifique ou de technologies qui est visée à travers le rachat d’une entreprise. La croissance externe peut ainsi être mise au service d’une stratégie d’innovation ou de diversification.
« Récupérer du chiffre d’affaires, un outil de production et la clientèle associée dans une région où l’entreprise n’est pas encore présente ou même simplement éliminer un concurrent, la croissance externe répond à différentes motivations », explique l’expert-comptable.
[citation auteur= »Sophie Mayeux, expert-comptable associée du groupe Laflute et Associés« ]L’important est de bien cibler et déterminer les objectifs visés à travers cette opération. Est-ce que l’on vise une augmentation de chiffre d’affaires tout court ? Est-ce que l’on espère plutôt une hausse de résultat ? Est-ce que l’on cherche plutôt à acquérir une nouvelle technologie ?[/citation]
Quel que soit le but, absorber une autre entreprise ou s’en rapprocher représente toujours un challenge. « Cela suppose une vraie stratégie au niveau des ressources humaines », illustre l’experte. Maintenir le savoir-faire ou la clientèle peut aussi s’avérer délicat selon le degré d’implication de l’ancien dirigeant. Il faut pouvoir s’appuyer sur une partie des cadres pour faire fonctionner l’entité acquise.
« Un bon accompagnement avec un avocat et un expert-comptable est nécessaire afin notamment de pouvoir établir des prévisionnels, déterminer où l’on veut aller en intégrant la cible et assurer le suivi de l’opération ensuite pour vérifier que l’on réalise ses objectifs », conseille Sophie Mayeux.