EXPERTS ET DÉCIDEURS
Covid-19, guerre en Ukraine, les évènements qui affectent l’économie mondiale se sont aussi fait ressentir sur le marché de l’emballage. On constate depuis plusieurs mois des difficultés d’approvisionnement et une flambée des prix. « Certains produits ont été revalorisés de 30 % à 50 %, voire plus, souligne Olivier Hugo, directeur associé de Cosma Experts, un réseau de spécialistes de l’optimisation des performances et de rationalisation des coûts des entreprises. Evidemment, les prix augmentant, il est d’autant plus intéressant de regarder ce que l’on peut réduire ».
Cette démarche d’optimisation peut aussi s’inscrire dans le cadre du déploiement de la stratégie RSE des entreprises. Diminuer les emballages permet en effet de limiter son impact écologique, en évitant le gaspillage ou en limitant le recours à des matériaux non recyclables comme certains plastiques.
Plusieurs leviers d’actions peuvent être mobilisés. « Pour commencer, il faut faire la chasse au suremballage » conseille Oliver Hugo. Il s’agit là de réduire la taille et la quantité des emballages dont une partie est souvent superflue. Cela passe notamment par une réflexion sur les process de production. « On peut se demander si les multiples couches d’emballage d’une technique que l’on a développé il y 7 ans, alors que ce type de questions se posait avec moins d’acuité, sont vraiment nécessaires et si on ne peut pas faire mieux en diminuant le nombre de couches », illustre le spécialiste des emballages.
Une autre piste à explorer consiste à étudier les alternatives techniques aux solutions et matériaux d’emballage que l’entreprise utilise. « S’agissant du film étirable par exemple, il y a 25 ans la tendance était à utiliser du 30 microns mais l’épaisseur a été progressivement réduite et pour certaines applications on peut descendre jusqu’à 12, voire 9 ou 6 microns », pointe Olivier Hugo en rappelant que certains marchés, comme celui du carton ou du plastique, propose de nombreuses innovations. Il est donc intéressant d’interroger ses fournisseurs sur les solutions qu’ils proposent ou qu’ils pourraient développer et plus globalement de faire le tour de leurs concurrents.
Même sans changer de solution, il peut y avoir des marges d’optimisation à trouver en faisant jouer la concurrence.
Un dialogue avec ses autres fournisseurs peut aussi aider à réduire les emballages « entrants » dans l’entreprise. L’Ademe en donne ici quelques illustrations à l’image d’une imprimerie passée de pots d’encre de 2,5 kg à des containers de 300 kg consignés et réutilisables ou d’un garage qui se fait livrer huiles et liquides de refroidissement en vrac ou en grands fûts plutôt qu’en bidons auparavant.
Lorsqu’il y a lieu, une réflexion peut aussi être menée sur le système de conditionnement pour l’expédition finale de ses produits. « Il y a parfois surutilisation d’emballage pour caler les produits ou un processus qui nécessite plusieurs niveaux de conditionnement avant expédition. Au cours d’une mission récente, nous nous sommes aperçu qu’un voire deux niveaux d’emballage n’étaient pas nécessaires », souligne Olivier Hugo.
Réfléchir à l’éco-conception des emballages est un autre levier d’action. Il s’agit de réfléchir à des emballages aux impacts environnementaux les plus faibles, en tenant compte de leur cycle de vie (conception, fabrication, transport, utilisation, fin de vie).
Si cela ne se traduit pas systématiquement par des économies, voire peut parfois coûter plus cher, cela permet d’améliorer le bilan environnemental de l’entreprise et son image. Encore faut-il que cela soit bien compris des consommateurs finaux. Lorsque l’on cherche à optimiser ses emballages, qu’il s’agisse de les modifier ou d’en supprimer certains, une bonne information des consommateurs peut être nécessaire pour s’assurer de leur adhésion à la démarche.