EXPERTS ET DÉCIDEURS
La retraite progressive, rendue plus largement accessible depuis cette année, notamment pour les dirigeants d’entreprise, permet une transition en douceur vers la retraite sans trop y perdre financièrement.
Diminuer son temps de travail en limitant sa perte de revenus grâce à la perception d’une partie de sa pension de retraite : tel est le principe de la retraite progressive. Ce dispositif peut s’avérer intéressant pour lever le pied en prévision de son futur départ retraite. L’avantage ? « Pendant la période de retraite progressive, on continue à cotiser grâce à son travail. Et donc à accumuler des points et valider des trimestres pour sa retraite définitive », explique Sandrine Fourment, expert-comptable associée chez BGH, membre de France Défi. Lors de la cessation complète d’activité, un nouveau calcul est ensuite réalisé pour déterminer le montant de la pension définitive du bénéficiaire.
Jusqu’à présent, ce dispositif n’était cependant pas accessible à tous, puisqu’il fallait pouvoir justifier d’un passage à temps partiel et donc d’horaires de travail. Un état de fait constitutif d’une rupture d’égalité, selon une décision du Conseil Constitutionnel de février 2021. La loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2022 (LFSS 2022) change la donne en ouvrant le dispositif aux salariés aux forfaits jours et à certains mandataires sociaux, les dirigeants assimilés salariés, qui en étaient jusque-là exclus.
Pour les dirigeants d’entreprise, la retraite progressive peut être un outil utile pour préparer la transition vers son départ à la retraite en évitant un changement de vie brutal.
Ce peut être l’occasion d’augmenter progressivement les responsabilités d’un successeur désigné ou au contraire de continuer son activité plus longtemps et pérenniser les emplois qui en découlent lorsqu’elle s’avère difficile à céder, tout en allégeant son emploi du temps.
Il faut pouvoir justifier d’au moins 150 trimestres d’assurance retraite et être âgé d’au moins 60 ans pour bénéficier de la retraite progressive. La demande s’effectue auprès de sa caisse de retraite et donne lieu à une reconstitution de carrière. « La pension va être partiellement liquidée à titre provisoire, il faut donc pouvoir calculer ce qu’elle serait si le demandeur prenait sa retraite définitive à cette date et s’assurer que tous les trimestres ont bien été validés », précise l’expert-comptable.
Le montant de la pension versée au bénéficiaire est calculé en proportion de la diminution de temps de travail ou de revenus pour les indépendants. Cette baisse doit être comprise entre 40% et 80%. « En dehors de ces seuils, on n’entre pas dans le dispositif », note Sandrine Fourment. Pour un salarié, une baisse de 40% de son temps de travail donne lieu à un versement de 40% de la pension. Pour un indépendant, une baisse de 40% du revenu annuel donne droit à cette même fraction de pension de retraite de base et de retraite complémentaire. La première année, la moitié de la pension de retraite du chef d’entreprise lui est versée à titre provisionnel. Et si son revenu a diminué de moins de 50%, il rembourse ensuite la différence. Un bilan est réalisé chaque 1er juillet.