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Semaine de 4 jours : l’INRS invite à la vigilance

EXPERTS ET DÉCIDEURS

Management & RH

Synonyme d’une importante réorganisation du travail, le passage à la semaine de 4 jours peut faire peser des risques sur la santé des salariés.

La semaine de 4 jours, oui, mais pas n’importe comment ! Alors que ce type d’organisation du travail prend son essor, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) soulève, dans un décryptage publié en août, les points de vigilance à respecter sur le sujet.

Répartir les tâches et le temps de travail hebdomadaire sur 4 jours au lieu de 5 tente de plus en plus de structures en Europe, où des expérimentations ont été lancées en Espagne, au Royaume-Uni ou en Belgique par exemple, mais aussi en France. Des entreprises optent pour la semaine de 4 jours et le secteur public s’y met aussi. Une expérimentation est ainsi menée à l’Urssaf Picardie et une autre vient d’être lancée par la métropole de Lyon.

Semaine de 4 jours : des précautions nécessaires

Moins d’absentéisme et de turnover, meilleure productivité, moindre fatigue et moindre stress, meilleure conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle, la semaine de 4 jours aurait, pour ses partisans, toutes les vertus. Mais, prévient l’INRS, « certaines précautions sont nécessaires pour prévenir les éventuels effets négatifs sur la santé et la sécurité des salariés ».

Cela vaut quelle que soit l’organisation choisie pour la semaine de 4 jours. Car l’expression recouvre plusieurs réalités. Dans certaines structures, le temps de travail hebdomadaire reste le même, la semaine est en quelque sorte « compressée » sur quatre journées au lieu de cinq. Dans d’autres entreprises, le passage aux quatre jours de travail s’accompagne d’une réduction du temps travaillé chaque semaine, pour passer par exemple à 32 heures. Selon les cas, le jour d’absence sera le même pour tous ou non et sa fixation flexible ou non.

Intensification du travail

Cette réorganisation peut générer des difficultés si elle est synonyme d’intensification du travail. « Dès lors que les travailleurs devront accomplir la même quantité de travail en moins de temps, le risque de générer une surcharge de travail et un stress accru est présent », souligne Bertrand Delecroix, responsable d’études à l’INRS. L’amélioration de la conciliation vie privée vie professionnelle n’est pas garantie.

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Pour les familles monoparentales, l’allongement des durées de travail peut ainsi générer des problèmes de garde d’enfants. Elle peut supposer une exposition journalière plus longue à certains facteurs de risque pour la santé des travailleurs comme les postures sédentaires, ou l’exposition au bruit. Le stress et la fatigue peuvent aussi augmenter lorsque le passage à la semaine de 4 jours s’accompagne de tentatives d’optimisation du temps productif – en raccourcissant les pauses par exemple – pour limiter les effets sur la production de la réduction de la durée hebdomadaire de travail. Enfin, cette réorganisation « peut perturber le travail d’encadrement et mettre à mal les collectifs », avertit l’INRS.

Évaluation des risques et mesures de prévention

L’institut recommande donc de procéder à une évaluation des risques en amont du passage à la semaine de 4 jours et de réfléchir, avec les salariés et leurs représentants, à des mesures de prévention. Celles-ci portent « à la fois sur l’organisation du travail, la formation et l’information de l’encadrement et des salariés ou encore l’aménagement des postes de travail des personnes concernées ».

Cette évaluation des risques devrait selon l’INRS être renouvelée dans le temps et des ajustements possiblement effectués. Le tout afin d’éviter que ce changement majeur, souvent pensé comme un outil au service du bien-être des salariés, ne produise des effets inverses à ceux escomptés.